Et autiste sans etre anxieux, c’est mieux

Ca fait partie de soi et on ne s’en aperçoit pas. C’est lancinant et irritant. C’est pas forcément dérangeant sur le moment mais ca fatigue à la longue. On vit avec, ca structure notre facon de penser. On s’en accomode. Depuis toujours c’est venu s’installer, par petites touches. Je parle de mon anxiété.

Depuis tout petit j’ai été anxieux. Tout ce que j’apprenais petit, je l’extrapolait vers ce qu’il pouvait m’arriver de pire. J’ai eu peur d’à peu près tout. Électricité, volcan, voleur, maladie… Mais c’était plus que j’étais conscient de ce qu’il pouvait m’arriver, je jugeais d’un potentiel. En gros c’était là, latent, ça viendrait.

Et puis étudiant ça n’a pas loupé, il a fallu sortir de ma zone de confort familiale, faire des courses, laver mon appart, réviser pour les examens et plein d’autres choses. J’ai toujours réussi plus ou moins à tout faire. Mais ca m’a pris beaucoup de temps. C’était parfois très mal fait. Et là j’ai développé des troubles anxieux. Je n’avais jamais géré des horaires par exemple, mes parents le faisaient. Quand je l’ai fait seul ça a plutôt dérapé car j’arrivais toujours à tout rendez-vous avec au moins une heure d’avance. Voire des fois plus avant un examen ou un rendez-vous important. Si on imagine le pire scénario vaut mieux prévoir large! J’ai donc eu des comportements anxieux plutôt handicapants au quotidien sans jamais m’en rendre compte.

Et je me permets aujourd’hui d’en parler (et d’en rire), c’est parce que j’ai bien saisi que je suis anxieux mais surtout parceque ca va mieux. Après avoir travailler sur mes comportements anxieux avec un psychologue depuis plusieurs mois, le travail porte enfin ses fruits. Je suis plus reposé. J’ai surtout appris et mis en place des stratégies pour affronter mes pensées anxieuses. Je sais mieux les analyser. Pour les horaires par exemple, j’arrive maintenant avec 20 minutes d’avance contre une heure il y a un an. Ça me change la vie et mon niveau d’anxiété est amoindri dans cette situation. Je n’arrive plus dans le train exténué.

Et heureusement que j’ai su que j’étais autiste pour mener ce travail sur mon anxiété. Car il est clair que dans plusieurs situations anxieuses mon autisme me fatigue rapidement et fait déborder mon anxiété. Par exemple en ”maitrisant” mon environnement sensoriel (casque à réduction de bruit, pull magique) je diminue la fatigue. Alors il devient possible de réduire mon anxiété.

Prenons l’exemple d’un train à prendre en fin de journée après le travail. Si je ne me suis pas protégé durant la journée en réduisant le nombre d’interactions et de réunions alors je risque de ne plus pouvoir gérer les horaires. Je vais arriver trop avance à la gare et je serai exténué dans le train. Ma soirée sera alors condamnée. Au contraire si je fais attention à me préserver durant ma journée de travail alors je serai plus en forme pour gérer le trajet travail gare. Pour le préserver je me garde des tâches ”agréables” comme rédiger des synthèses techniques qui sont pour moi une source de satisfaction. J’évite les emails compliqués. Me savoir autiste me permet donc de maîtriser mon environnement et mon niveau de fatigue qui est à coup sur le terrain à mon anxiété.

Au final c’est certainement le questionnement latent que j’avais à propos de mon anxiété qui m’a conduit à découvrir mon autisme. En effet c’est lorsque que mon anxiété était trop importante que j’ai commencé des recherches. Je vous en parle au prochain billet.

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